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Du col à 4824 m. à Golmud

27-04-2018 20:13

Aline Guignard

Terres sauvages,

Du col à 4824 m. à Golmud

Froid, altitude, rayons UV, efforts répétés; autant de causes que l'on lie à notre santé pour tenter de se l'expliquer. De grosses cloques ont boursouflé mes...

La province du Qinghai est nettement moins peuplée que les régions traversées jusqu'alors. Hormis les troupeaux de yaks auxquels se sont joints ceux de moutons, les terres sont propriétés des animaux sauvages : mulots, marmottes, ânes, antilopes, renards, loups, lézards à queue de scorpion, rapaces, oies rousses et petits oiseaux... Mais là où se trouvent des hommes, la diversité des faciès  et des vêtements témoigne de la mixité des peuples. Tout comme les panneaux routiers, qui affichent désormais le mandarin, l'anglais, le tibétain et le mongol. L'ouïgour n'y figure pas; pourtant les voiles et les "kufi" confirment la proximité des terres du Xinjiang. Proximité... tout est relatif car à vélo les distances sont importantes. Le Qinghai serait plus grand que n'importe quel pays de l'Union Européenne. 

 

Froid, altitude, rayons UV, efforts répétés; autant de causes que l'on lie à notre santé pour tenter de se l'expliquer. De grosses cloques ont boursouflé mes mains. Une tension dans la nuque et l'épaule ne parvient à se détendre la nuit en raison de la température. Il en est de même pour Olivier, dont les difficultés de respiration engendrent un positionnement inhabituel sur le vélo, causant des tensions dans le haut du dos. Douleurs à l'aine également, résultantes probables d'une durée conséquente de poussage d'un vélo lourdement chargé. Alors on adapte nos mouvements et on place nos attentes dans un climat plus clément.

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De grosses cloques ont boursouflé mes mains.

Peu avant Maduo, un chauffeur de camionnette s'arrête et propose de nous embarquer. Nous mettrons peut-être plus de temps à charger et décharger nos affaires qu'à parcourir les quelques huit kilomètres qui nous amènent à la ville. Mais l'expérience nous aura permis de découvrir l'intérieur de la cabine, insoupçonnable de l'extérieur : un véritable petit temple coloré avec la photo du Dalaï-lama au plafond. À savoir que cette effigie est interdite en Chine par le gouvernement. Non loin de la ville se trouve la source du fleuve jaune. Ce fleuve que nous avions longé durant un autre voyage, un autre temps. Nous voilà maintenant à pique-niquer face à cette rivière encore fragile et limpide. Clin d'œil du temps et des inattendus de la vie.

 

Depuis l'entrée au Qinghai, nous faisons généralement les courses pour deux ou trois jours car il est souvent difficile d'estimer notre vitesse d'avancée et ce que l'on va trouver aux emplacements indiqués  sur notre carte. Pendant que je me charge d'aller acheter les provisions, Olivier assume de nombreuses séances photos avec les locaux. Il faut dire que sa moustache et sa barbe font fureur auprès des Chinois. À l'extérieur des restaurants de route se trouvent des petites citernes d'eau chaude à disposition des clients, principalement des camionneurs. Ceux-ci se lavent la figure, les dents ou encore les cheveux dans de petites bassines qu'ils y remplissent. La rue, une salle de bains publique éphémère où l'intimité s'évanouit. L'intérieur des petites échoppes est bien souvent un méli-mélo de denrées plus ou moins entassées, plus ou moins fraîches. Un matin, après avoir fini un paquet de biscuits en guise de déjeuner, je réalise que sa date de péremption est de 2010. 

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Après notre séjour au temple près de Gouli (voir texte "Extrait du carnet de voyage - 22.04.18"), nous serpentons le long d'une vallée longue de plus de nonante kilomètres. Alors que nous rêvions de nous laisser glisser sur cette légère pente descendante, nous nous relayons pour contrer le vent. La fin de vallée nous ouvre les portes d'un nouveau monde : sable, dunes, plaines désertiques, mosquées, enseignes musulmanes, trafic, bruits urbains... Le changement est brutal; nous n'avons pas eu le temps de nous faire à l'idée de quitter les terres tibétaines et son décor montagneux mais pourtant il est bel et bien derrière nous. 

 

Désormais, les bornes kilométriques en bordure de route sont les seuls repères qui confirment notre avancée. Le vide du décor est traitre, rendant les distances difficiles à estimer à l'œil nu. Les champs d'éoliennes ont remplacé les troupeaux de yaks. Une présence justifiée par cet élément qui peut muter une journée en un calvaire ou une bénédiction. Mais alors que je me plains de la monotonie du paysage et de la route, je suis vite remise à ma place par la vue d'une famille de pèlerins. La femme et la fille en tête, elles tirent manuellement une petite roulotte. L'homme marche derrière; tous les trois pas il se couche par terre. Il se relève, avance trois pas, lève les mains au ciel, les joints au-dessus de sa tête puis se recouche à plat ventre sur la route. Pour se protéger il porte des genouillères, des protège-mains en bois et un tablier. Pourtant, tout de noir vêtu, ce doit être autre chose qui le protège des nombreux camions passant à vive allure à côté de lui... Ainsi se rendent-ils à Lhassa, à quelques 1200 kilomètres de là où nous les croisons. Le voyage leur prendra une année... 

 

À Golmud, alors que nous entrons dans une toute petite guesthouse, je m'enquière auprès de la responsable : "Y a-t-il une douche?" "Oui bien sûr !" "Avec de l'eau chaude?" "Mais c'est évident !" me répond-elle d'un air surpris. Définitivement, nous avons bel et bien changé de monde... 

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