29042018-dsc3375
site3-3
site2-3
site1-3
site3-3
site2-3
site1-3
aaa
logosimplifier100blanc-rvb

facebook
instagram
linkedin

facebook
instagram
linkedin

facebook
instagram
linkedin
logoblanc
logoblanc

De Ystad à Elleholm / 14.08.22

20-08-2022 14:46

Aline Guignard

Cap Kayak,

De Ystad à Elleholm / 14.08.22

N'ayant mesuré l'importance des rouleaux formés par ces ondes rencontrant les hauts-fonds, je dessale....

La côte sud de la Suède est finalement plus séduisante que ce que sa linéarité et son attrait touristique ne le présageaient. Certes, les longues plages de sable sont parfois « bondées » ; mais cela reste une notion toute relative. La population y est plus dense que sur les abords boisés, mais ces plages-là ne sauraient concurrencer ses homologues méditerranéennes.

 

Ces côtes de sable offrent à nos kayaks un accostage facilité et moins risqué que celles faites de rochers, de galets ou de béton. Un cadeau de la nature qui se révèle néanmoins être des plus fourbes, l'architecture du fond marin générant parfois un phénomène redoutable. La mer peut être facile à naviguer au large mais complexe à gérer lorsque nous arrivons proche de la rive, là où les petites vagues deviennent voluptueuses lorsqu'elles buttent contre les hauts-fonds. A plusieurs reprises nous nous sommes faits avoir. Néanmoins, notre mésaventure la plus importante, je la dois aussi à mon insouciance. Ainsi qu'au « speed-boat » reliant Ystad à Bornholm, un ferry traçant à toute allure et générant un déplacement d'eau phénoménal. N'ayant mesuré l'importance des rouleaux formés par ces ondes rencontrant les hauts-fonds, je dessale. Un terme quelque peu ironique au regard du fait que l'on ressort de la manoeuvre trempe de la tête aux pieds... Je chavire, et ce pour la première fois. Je me retrouve sens dessus dessous, totalement immergée sous mon kayak. Cette situation, je l'ai appréhendée. Si je devais me retrouver prisonnière de mon hiloire par la jupe qui m'enserre à la taille, parviendrais-je à faire le nécessaire pour retrouver l'air à temps ? Certes, les habitués pourraient voir ici un coup de théâtre imaginaire, un scenario faussement dramatique, tant la manoeuvre est banale. Maintenant je le sais. Mais à ce moment précis, ne l'ayant jamais expérimenté, le doute est présent. Alors je recrute toute mes capacités pour atteindre cet unique objectif : me délivrer de mon kayak. Je lâche tout ce que j'ai en main pour tirer sur la lanière de ma jupe qui heureusement ne me résiste, je pivote et remonte à la surface. Je parviens à retourner mon kayak et à rassembler les quelques affaires qui n'étaient pas attachées au bateau, excepté la caméra prêtée par l'équipe de Paju et mes lunettes. Mon hiloire est une véritable piscine. Je ne peux la vider, l'écope étant dans le bateau d'Olivier. Ce dernier ne peut s'approcher de moi car les vagues sont trop importantes pour qu'il puisse m'aider sans risquer de faire plus de dégâts. A distance, il me dicte les opérations. Rejoindre la plage. Ainsi je prends mon kayak en main et nous laisse nous faire entraîner par les vagues en direction de la rive. Là, un homme vient m'aider à retourner le kayak pour le vider puis à le tirer pour le mettre hors de portée des assauts de l'eau. Une fois la mer plus calme, je reprends la navigation. Contente d'avoir expérimenté avec succès cette situation de dessalage, le contrecoup lié à la charge émotionnelle qu'a représenté cet évènement ainsi que la perte de la caméra et par là même des images qu'elle contenait, me saisit dans un deuxième temps. Un 1er août des plus inattendu qui restera gravé dans ma mémoire.

img_0236.jpeg

Cet évènement, où les émotions sont à fleur de peau et où les remises en question n'attendent que d'être cueillies, nous nous interrogeons sur notre manière de voyager. De voyager ou de vivre ? Voilà une rengaine qui revient bien souvent. Il est facile d'occuper son temps à pagayer. Mais si nous vivons plus que nous ne voyageons, alors quelles sont ces autres occupations dont nous souhaitons emplir nos journées et qui y donnent du sens ? Autant dire que la question demeure ouverte et si nous avons pu trouver quelques pistes de réponses, elle le demeurera tant que nous vivrons. Car je sais que la réponse n'aura de cesse d'évoluer au fil du temps. Olivier découvre le Qi Qong et persévère dans la pêche. Jusqu'à présent, ses tentatives se soldent par une récolte fructueuse d'algues. Les poissons sont déclarés absents. Rien de surprenant, car lorsque l'on scrute le fond marin, seules les méduses animent cette masse d'eau. L'environnement terrestre se révèle plus intéressant au niveau de l'enjolivement de nos assiettes. Les rosiers rugueux sont souvent nos compagnons de bivouac et nous apprenons à apprêter ses fruits. Notre guide sur les plantes comestibles à la main, nous découvrons alors notre environnement sous un regard gourmand.

img_e0029.jpeg

Lors de notre séjour chez Cino, vers Trelleborg, nous y avions rencontré sa soeur Tove. Cette dernière habitant à proximité de la mer, nous avions convenu de reprendre contact lorsque nous serions proches de chez elle. Ce que nous avons fait. Ainsi, un vendredi matin pluvieux, nous atteignons le bras de rivière où se trouve le port de Åhus. Tove a organisé le parcage de nos kayaks. Mieux aurait été impossible. Ingvar et Maria, des connaissances de Tove, ont accepté d'héberger nos embarcations dans leur jardin, ce dernier se trouvant littéralement dans le port et jouxtant la rivière. Ingvar a par ailleurs lui-même relié Åhus à Paris à vélo, dans le cadre d'un évènement international ayant pour but de récolter des fonds pour le cancer pédiatrique. Alors que nous débarquons chez Tove, nous étions loin de nous imaginer que nous y resterions cinq jours et encore plus ignorants de tout ce que cette rencontre allait générer. Pour elle et pour nous. Car ce fut un réel échange. Tove nous a offert énormément ; sa connaissance de la région, des repas sublimes, des contacts pour notre hivernage sur Gotland, sa vivacité d'esprit et d'action, son aide pour la diffusion de notre action via un interview avec le journal régional, son enthousiasme pour notre projet... Et si nous ne lui avons rien offert de matériel ni de financier, de par ce qu'elle exprime, Tove nous témoigne qu'elle aussi a reçu. De l'espoir peut-être, celui qu'il est possible de réaliser des actions positives à l'époque où les médias ne cessent de nous dire le contraire. La certitude aussi qu'elle peut toujours se rendre utile auprès d'autrui, alors que son dévouement auprès de son époux a pris fin il y a quelques mois lorsqu'il s'en est allé. Le plaisir aussi d'avoir une présence à la maison lorsqu'elle y revient, de cuisiner pour trois et partager ce repas. C'est donc entourés d'une énergie positive et stimulante que nous avons évolué à ses côtés. Sans compter que d'avoir une chambre, un lit double, une salle de bain et une machine à café furent en soi un régal. Une nouvelle fois, nous reprenons la route emplis de la beauté de l'hospitalité suédoise. Et au moment de quitter la maison de Tove, je ne peux m'empêcher d'avoir le coeur serré.

img_0001.jpeg

La beauté de la nature sait y faire pour combler le vide laissé par les au revoir. Nous renouons avec le bivouac sur une petite île habitée par un troupeau de moutons et quantité de cormorans et où nous furent les seuls bipèdes le temps de notre séjour. L'île de Hanö, sur laquelle nous passons également une nuit, est quant à elle bien habitée. Et selon certains, pas que par des êtres humains. Les dragons, les géants et des êtres invisibles sont à l'origine de bien des légendes qui expliquent les formations minérales de cette île charmante... Palpable est le coucher du soleil que la hauteur des terres nous permet d'apprécier ; peut-être l'un des derniers avant bien longtemps... Non qu'il s'agisse du soleil de minuit, mais bien du fait que nous allons à présent longer la côte est de la Suède.

img_e0169.jpeg

Nous voilà aujourd'hui à la veille des retrouvailles avec Christian et Danièle, les parents d'Olivier. En prenant nos pagaies ce matin, notre unique objectif était de trouver un emplacement accessible en véhicule, acceptant le stationnement nocturne des camping-cars et à proximité duquel nous pourrions planter la tente. Autant dire que nous avons fait deux kilomètres pour dénicher notre endroit. Il nous reste à nous délecter de ce lieu autant que des myrtilles et des mûres de la forêt voisines avant cette rencontre. / AG

Article précédent        Retour au Blog        Article suivant

leblog-1635345236.jpg
logo-full2
partenaire principaux.jpeg