Suède
Ces dernières semaines, un peu avant de reprendre la route, je me suis régulièrement demandé ce qui me poussait à regagner cette vie de terre et d’asphalte.
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Le soleil ne s'est pas levé ce matin. Un épais manteau gris-noir recouvre le ciel et tout espoir de le voir se dissiper est utopique. Le ruisseau qui coule non loin de notre tente nous révèle que les températures nocturnes ont été négatives. Quelques biscuits et une tasse de thé chaud composent notre déjeuner. Une fois avalés, nous reprenons la route en direction de la ville d'Östersund. La journée est chargée. Il nous faut nous ravitailler en nourriture, trouver un magasin spécialisé dans les appareils photographiques et résoudre la problématique relative à la pompe de notre réchaud multifuel. Le programme est serré et la ville nous est inconnue. Seule certitude, il pleut. L'entrée en matière dans cette dernière grande ville du nord nous est agréable. Nous trouvons des toilettes publiques chauffées et équipées d'eau chaude. Eau suffisamment chaude pour que nous en remplissions nos gobelets tout en y jetant un peu de café soluble. L'horloge de la gare est formelle, il est midi. Nous débutons notre liste par le point qui nous semble le plus complexe : la pompe. Vieille et munie d'un filtre encrassé, notre pompe ne joue plus son rôle. Il nous est devenu tout simplement impossible de cuisiner avec. La pièce que nous cherchons est spécifique et nous entamons déjà le deuil de cette vieille pompe qui a parcouru le monde à nos côtés. A la sortie de la ville, une zone commerciale est aménagée et l'on nous y a signalé la présence de grandes enseignes du sport. Coup de pédale après coup de pédale, autochtone après autochtone, nous y parvenons. La saison de ski n'est pas finie et le matériel de camping se fait encore rare. Notre réchaud est absent des rayonnages et on ne parle même pas des pièces de rechange. Sur les conseils d'un vendeur avisé, nous regagnons le centre où un spécialiste du camping tient boutique.
Vingt-quatre heures plus tard, mais là il se peut que l'on dise que je fabule...
En chemin, nous dégottons notre magasin de photo. Il me faut un outil bien spécifique qui ne se vend ici que dans un kit volumineux et onéreux. Le vendeur comprenant que son offre ne convient guère à deux voyageurs à la petite reine, il nous cède son outil personnel pour une bouchée de pain. Déambulant dans la rue à la recherche de notre magasin de sport, un homme sort d'une boutique de mode et nous interpelle. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, nous apprenons que c'est à lui que nous avions envoyé un mail via le site warmshower il y a de cela quelques jours, que si on est toujours partant on peut aller dormir chez lui cette nuit et qu’avant cela on est invités à un event. La saison printemps-été est arrivée et cela se fête à la bière et au champagne. Dans l’intervalle invitation-dégustation, nous trouvons notre spécialiste camping. En bon professionnel, il nous déniche cette pièce rare qu'est le filtre de la pompe multifuel. Le service est gratuit, la pièce aussi. Et vu qu'il serait, selon lui, dommage d'en rester là , il nous ajoute un filtre de réserve au cas où… Retour au magasin de mode, puis souper chez Niklas notre hôte surprise, et finalement une nuit où le froid ne nous impose pas sa loi.Â
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Vingt-quatre heures plus tard, mais là il se peut que l'on dise que je fabule, je me trouve dans une stuga. Habitat chauffé, avec vue sur deux puissantes rivières sillonnant les forêts suédoises et couronnées de sommets enneigés. Junas nous a croisés cet après-midi sur la route et nous a offert l’hospitalité.Â
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Il y a de cela deux ans, en quittant la route, j’avais quitté cette réalité...
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