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Imaginez...

13-05-2018 20:19

Olivier Forney

Terres sauvages,

Imaginez...

Ce texte a été écrit dans le but de montrer par quelques exemples concrets la situation actuelle du Xinjiang...

Ce texte a été écrit dans le but de montrer par quelques exemples concrets la situation actuelle du Xinjiang. Cette province, la plus grande du pays, a été colonisée par la Chine au même titre que le Tibet. Ses habitants d'origine sont les ouïgours ainsi que quelques autres ethnies des pays voisins. Aucune photo étaie ces dires en raison des lois locales.

 

Imaginez une province munie de postes frontières plus imperméables que ceux qui gardent le pays dont elle fait partie.

Imaginez une province où voyager avec un petit couteau à dents de scie pour pique-niquer ou un canif est illégal.

Imaginez une province où la police est en état d'alerte constant.

Imaginez une province où les stations d'essence sont transformées en place forte avec au minimum quatre hommes armés pour contrôler les entrées et les sorties des clients. Entrée possible sur présentation d'une pièce d'identité, enregistrement du conducteur et où les passagers attendent sur la route.

Imaginez une province où des check point créent des embouteillages parfois de plusieurs kilomètres aux entrées des villes et au milieu du désert. Check point où les usagers de la route subissent un scan facial et passent dans un appareil pour un scan corporel complet, de face et de profil. Contrôles réalisés tous les 40 à 60 kilomètres, bien que la route n'ait pas réellement d'embranchement entre les différents lieux de contrôle. Les Hans (Chinois de Chine) sont parfois soustraits à ces contrôles récurants. Pour nous le contrôle peut prendre jusqu'à une heure et demi.

Imaginez une province où certains ouïgours doivent être munis d'une autorisation spéciale pour se déplacer d'une ville à l'autre. Autorisation qui est contrôlée dans un fichier central et validée par différents téléphones effectués par la police de chaque check point.

Imaginez une province où à chaque check point les contrôles recommencent comme si les huit précédents contrôles de la journée n'avaient pas eu lieu.

Imaginez une province où au nom de la sécurité nationale, la police vous prend en photo plusieurs fois par jour, parfois avec le passeport à hauteur du visage.

Imaginez une province où dans chaque ville et à chaque carrefour un policier en tenue anti-émeute armé d'un fusil d'assaut est posté avec son véhicule de service.

Imaginez une province où des véhicules de police sont stationnés en ville avec leur sirène allumée toute la journée, ceci afin de faire acte de présence. Imaginez une province où dans les villes il y a tellement de véhicules de police qui circulent qu'il est impossible de rester à un endroit sans en voir passer au moins un toutes les 30 secondes.

Imaginez une province où la police se déplace en convois, sirènes hurlantes, pour faire acte de présence. 48 motos avec deux policiers et 14 véhicules dont 8 semi-blindés composaient la plus grande démonstration de force que l'on ait pu voir.

Imaginez une province où les rues commerçantes sont fermées par des sasses de sécurité, munis d'un détecteur de métal et d'une machine à rayons-X pour les sacs, qui s'ouvrent sur présentation d'une pièce d'identité valide et sous le regard méfiant de plusieurs policiers et agents de sécurité. Imaginez une province où se déplacer en ville pour un citoyen ouïgours est synonyme d'une pléiade de contrôles d'identité avec parfois des fouilles au corps.

Imaginez une province où certains hôtels ont dû retirer internet de leurs prestations et ne plus accepter d'étrangers pour rester conforme aux nouvelles lois provinciales.

Imaginez une province où les parcs publics sont munis des mêmes sasses de sécurité que les rues marchandes et où des patrouilles de six policiers armés de fusils automatiques, matraques, boucliers anti-émeutes circulent en file indienne et au pas. Parcs munis de caméras de surveillance, de clôtures avec fil de fer barbelé.

Imaginez une province où les rues des villages sont sous vidéo surveillance et où des haut-parleurs diffusent des annonces à longueur de journée.

Imaginez une province où des patrouilles de rue composées de policiers et de civils circulent avec des gilets pare-balles, des casques en acier, des boucliers, des perches tactiques, des matraques, et des armes automatiques.

Imaginez une province où une loi oblige chaque commerce à avoir au moins une personne portant un gilet pare-balles, un casque en acier et avoir à proximité un bouclier anti-émeutes et une matraque. Situation cocasse dans les petites échoppes où le coiffeur, le cuisinier, le vendeur de téléphones portables ou de produits de beauté ont le look de soldats avec maquillage, tablier de cuisine, ou couteau de boucher.

Imaginez une province où le cyclo-voyageur est embarqué dans une voiture de police sur plus de 250 kilomètres pour être certain qu'il ne fasse pas un détour dans le désert où a eu lieu des essais nucléaires militaires. Désert entre nous soit dit inaccessible vu la chaleur, la distance et le nombre de patrouilles qui y circulent.

Imaginez une province où seuls quelques hôtels dans les grandes villes sont autorisés à accepter les étrangers. Loi qui nous oblige à faire du camping sauvage plutôt qu'à être parqué à une place connue des services de l'ordre. Imaginez une province où lorsque un touriste cherche un restaurant il termine au poste de police avec un contrôle d'identité de plus de 40 minutes, contrôle des photos de l'appareil photographique et du téléphone. Imaginez une province où une ville de 30'000 habitants compte environ 4'000 membres des forces de l'ordre.

Imaginez une province où la police peut contrôler le contenu d'un appareil photos quatre fois en deux heures. Imaginez une province où la police débarque dans les chambres d'hôtel après 22 heures pour un complément d'enquête, ne respecte pas la semi nudité d'une femme présente et qui justifie cet acte par le fait qu'ils sont de la police et que cela fait partie de la procédure normale.

Imaginez une province où un groupe de policiers en tenue lourde suit les étrangers dans leurs déplacements en ville. Imaginez une province où lors de contrôles d'identité, personne ne répond à tes questions ou alors de manière évasive.

Imaginez une province où photographier quoi que ce soit en rapport avec la sécurité est formellement interdit et punissable de 5 à 15 jours de détention pour les étrangers.

Imaginez une province où la police s'est construite des armes artisanales, sortes de morgensternes métalliques munis de clous de charpentier. Imaginez une province où à la fin de chaque contrôle la police te souhaite un bon voyage, te fait de grands sourires et parfois tente un "Welcome in China". Alors qu'ils savent que dans une heure, quatre heures ou une journée on subira à nouveau un contrôle intrusif.

Imaginez une province où la population native n'est pas réellement citoyenne, mais membre d'une minorité ethnique.

...

 

Une situation que nous subissons depuis quelques semaines, une situation que les ouïgours ne sont pas prêts de quitter. Si la présence des forces de l'ordre, leurs contrôles récurrents, l'annihilation de la vie privée sont des actes que j'estime être d'une violence extrême, la manière dont ils sont exercés les rendent psychiquement éreintants et révoltants. Il est important de comprendre qu'avec le recrutement massif de policiers ces dernières années, l'âge et le niveau de formation des forces de police du Xinjiang est très bas. Nous avons donc affaire à des adolescents et à de jeunes adultes endoctrinés et imperméables à toute réflexion. Gênés par le travail qu'ils doivent exercer ou simplement immatures, ils passent du policier sérieux à l'adolescent joueur et amusé en notre présence, sans se rendre compte du rôle qu'ils jouent dans ce pays occupé et de ce que nous subissons au quotidien. Leur question, après 30 minutes de contrôle, "Do you like China?" en est un exemple parmi tant d'autres. Le Xinjiang est devenu un roman de George Orwell écrit à l'encre de Chine qui me laisse pantois avec pour seule envie, celle de pleurer devant cette calamité humaine.

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Une photographie avec l'artisan confiseur aurait été meilleure, mais il portait le gilet pare-éclats réglementaire avec la mention "Police"...

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