15h30. On ne sait si l'on doit se réjouir de la fraîcheur des perles d'eau qui ont commencé à tomber ou s'inquiéter de leur présage. Prévenants, nous nous mettons en quête d'un lieu où camper, à l'abri idéalement. Nous ne pouvons toutefois nous arrêter de suite, nous manquons d'eau. À l'office d'information d'un improbable parc d'attraction, l'employée me remplit aimablement mes gourdes. À Taïwan, les locaux ne boivent pas l'eau du robinet. Même l'eau bouillie provient d'eau en bouteille... Alors il n'est pas rare de trouver des distributeurs d'eau- chaude, tempérée ou froide - dans les offices, postes de police, temples... La femme ne parle pas anglais. Malgré tout je tente ma chance : point-it en main, doigt pointé vers la tente de camping, regard interrogateur, grand cercle de bras pour définir la zone géographique. Son joker à elle : le coup de fil à une collègue qui parle mieux l'anglais. Celle-ci me conseille d'aller me renseigner au "visitor center" non loin. Afin de s'assurer de ma bonne compréhension, la femme de l'office m'emmène devant une carte pour me montrer l'endroit. Elle termine son tour d'aide magistral en arrêtant le chauffeur d'un car pour qu'il m'indique sur la Google map de son smartphone l'emplacement. Je m'incline devant tant de sollicitude, souris et remercie. La quête au "visitor center" se révélera infructueuse en termes d'emplacement de camping. Par contre, elle nous ouvrira la porte d'accès au wi-fi national. Nous étions dans l'impossibilité de nous y connecter, n'ayant pas de numéro de téléphone. Deux des employés me donnent leurs propres codes d'accès, valables pour l'entier de notre séjour sur l'île.Â
16h00. Yanliao. Poste de police en vue. Tentons à nouveau notre chance !
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-"Que désirez-vous? Nous demande Lee, 52 ans, un grand gaillard bedonnant dans un uniforme étriqué, qui lui aussi a découvert les merveilles du dictaphone-traducteur.Â
- Nous cherchons un lieu pour mettre notre tente.     Â
- Mmmm. Maintenant ? Quelle est votre destination ?
- Nous n'avons pas de destination précise. Nous roulons vers le Sud. Nous souhaitons juste trouver un endroit avant la pluie. Réussis-je à dire après quelques tentatives et amélioration de ma prononciation.Â
- Ah ! Cherchez-vous un lieu payant ? Dicte Lee avec application.
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À cela nul besoin de traducteur pour répondre. Mon signe de tête est suffisant. À sa question "Chercheriez-vous donc un lieu de camping sauvage ?" je réponds sans aucune hésitation un "Oui tout à fait, absolument." Aurais-je un jour imaginé répondre cela, avec un tel aplomb, à un policier?Â
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- Ah bon! Alors continuez 5 km et vous arriverez au port. Là vous pouvez vous installer. Et si vous voulez vous doucher, demandez donc aux gardes côte. Vous ne pouvez pas les louper, ils sont habillés tout en orange !"Â
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Lee nous propose encore de l'eau et nous met à disposition les toilettes du poste. Nous bavardons encore un peu sur le perron. À l'évocation de notre nationalité il mime le drapeau en croisant les bras et clame "watch"!
Aujourd'hui, nous avons découvert une nouvelle signification au mot "police".
Cinq kilomètres plus loin précisément nous voyons une femme tout d'orange vêtue venir nous accueillir. Elle a reçu un appel de Lee l’informant de notre venue et nous guide jusqu'à un emplacement pour notre tente.
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Olivier me disait hier encore que l'intérêt du voyage est de découvrir la diversité des façons d'appréhender une tâche, d'élargir notre champ de réflexion, d'apprendre à voir différemment. Aujourd'hui, nous avons découvert une nouvelle signification au mot "police".
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Post scriptum: les deux nuits suivantes, nous les passerons au poste... La police de plusieurs villes a annexé à leur bâtiment un camping de 2 ou 3 places. Elle a édité un règlement dans lequel elle se charge de fournir eau potable, douche, électricité. Et tout cela gratuitement...
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