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De Lovund à Narvik

08-05-2017 15:41

Aline Guignard

Voyage inachevé 2017,

De Lovund à Narvik

Ça sera avec un regard curieux que nous roulerons plus au nord ; au-delà du cercle, qu'y a-t-il ?

Norvège

Le cercle polair : Le 26 avril, après avoir quitté Lovund et retrouvé la terre continentale, nous atteignons le port de Kilbogham en fin d’après-midi, sous une belle neige toute légère, légère… une vraie neige de Noël selon Olivier. Nous avons deux heures d’attente avant le prochain bateau qui relie deux sections de notre route côtière. Une belle opportunité d'investir la grande salle d'attente. Et puisque c’est l'heure de souper, nous allons cuisiner à l’extérieur. Olivier nous mijote une casserole de riz, lentilles et fromage, sur la poubelle en béton du bâtiment. Nous entamons avec entrain ce mets brûlant, lorsque l’on remarque que les deux femmes avec qui nous partageons la salle d’attente se lèvent et se dirigent vers le bateau déjà à quai. Mince, nous serions-nous trompés dans l’horaire ? Dans le doute, nous rangeons en vitesse nos affaires éparpillées, je sors un petit sac à dos pour y mettre nos services, la salade et le thermos. Le guidon du vélo dans une main, la casserole du souper dans l'autre, nous montons à bord du bac. Il n'y a personne sur le ponton, mais nous agissons en mimétisme à nos deux femmes, pour qui la manœuvre semble être routinière, et allons nous installer dans le salon des passagers. Il ne faudrait tout de même pas que le souper refroidisse ! Un peu de chaleur dans la journée, c'est précieux, et je n’hésiterais pas à braver ma bonne éducation pour la choyer. Nous poursuivons donc ainsi notre souper, lorsque deux employés mi intrigués mi effrayés nous demandent : « Vous allez où ? » La bouche pleine, je tente d'articuler le nom de la ville : « Jektvik ?! ». Rassurés, ils descendent sur le ponton accueillir les véhicules. Une fois la panse remplie, je mets le reste du souper dans un cornet plastique, notre alternative aux tuperware, et m'en vais faire la vaisselle dans les toilettes du bateau. J'en reviens juste à temps pour le passage de cette ligne invisible qu’est le cercle polaire. Les autres passagers, qui se comptent au nombre de cinq, doivent être des habitués, car il n'y a que nous qui prêtons attention à cette étape. Le lieu est indiqué par une sphère en fer installée sur le rivage. Ça sera avec un regard curieux que nous roulerons plus au nord ; au-delà du cercle, qu'y a-t-il ? Un quotidien traînant sur l'une des tables du bateau nous informe qu'à Mo i Rana (grande ville juste au sud du cercle), en ce jour même, le soleil s’est levé à 4h35 et se couchera à 21h27. Au moment d'écrire ce récit, le 8 mai, les journées sont déjà nettement plus longues. A 23h00 la luminosité est encore importante et à 3h30 nous ouvrons généralement l'œil pour constater que nous pouvons encore dormir. Et c'est peut-être là la différence principale que nous constatons. Car en ce qui concerne la flore et la faune, les changements sont plus discrets. Petit à petit la taille et la densité des forêts diminuent, les rennes dominent en nombre les vaches, les moutons se font plus rares. Quant aux abeilles, même si nous n’en avons pas aperçu, nous avons entendu dire qu'elles travaillent également sous ces latitudes arctiques.

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Bodø: Le dernier jour d'avril, nous arrivons à Bodø. Nous avons pu organiser un warmshower (réseau de cyclo-voyageurs qui offrent ou reçoivent l’hospitalité). Nous débarquons ainsi dans la vie de Knut et Anne. Le choix de ces quelques mots n'est pas hasardeux ; car réellement nous avons eu l’impression de faire partie de la famille le temps de cette rencontre. Knut, la fraîche soixantaine est optométricien. Anne, son épouse, est enseignante. Ils habitent une jolie villa dans les hauteurs des faubourgs de la ville. A peine rentrés d’une balade, Anne s'occupe de nous aménager la chambre de l'un de leur trois fistons, tous trois hors du nid, et Knut attaque la préparation du souper. Nous nous installons au salon, un verre de bière devant nous. Depuis que nous avons repris la route, vin et bière ont été rayés de la liste des courses, une histoire de budget. Nous apprécions d'autant plus ce présent. Et puis la voilà. Celle tant désirée, celle tant fantasmée, celle tant… non, je ne parle pas de la blonde scandinave svelte, sportive à jolie poitrine, puisque de ce que nous avons pu observer cela reste de l'ordre du mythe, mais j'évoque ici… la douche chaude. Quel bonheur, quels bienfaits, quelle jouissance. La salle de bains s'embue, c’est tout à fait bon signe. La pratique du souper en fin d’après-midi n'est quant à elle pas un mythe ; à 17h00, le repas est prêt ! Nos hôtes s'excusent de sa simplicité. Nous croirions entendre des Iraniens. Parce que si ce que Knut nous a concocté est simple, comment qualifier nos repas habituels ! Steaks hachés de production locale recouverts d'un petit gratin de légumes en sauce, pommes de terre en robe des champs, salade grecque avec quelques touches personnelles du cuisinier. Et pour le dessert, une montagne de gaufres encore toutes chaudes, accompagnées de myrtilles et d'une spécialité norvégienne qu'il me tardait de découvrir : le geistost. Un bloc couleur caramel qui se coupe en tranches très fines, qui ressemble à du fromage mais qui est sucré. L'avis est radical : on aime ou on n'aime pas. Olivier et moi faisons chacun partie d'une catégorie. Plus tard dans la soirée, après avoir étudié ensemble notre itinéraire futur et glané diverses informations pratiques, Knut nous amène un verre de vin blanc, accompagné de cacahuètes. "Je crois savoir que de là où vous venez, vous appréciez le vin, n'est-ce pas ?" nous dit Knut en nous servant.

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De notre arrivée jusqu’à l'heure où la raison l'emporte, les sujets de discussion ne tarissent pas d'une once, tous quatre étant curieux les uns des autres. Nous profitons également d’avoir à dispositions des Norvégiens à qui l’on peut poser toutes les questions suscitées par nos observations restées jusqu’alors en suspens. Le lendemain est le 1er mai, jour férié en Norvège. Knut et Anne nous proposent de déjeuner ensemble. Et c'est à l’odeur de café et au son des talents musicaux de Knut que nous nous réveillons. Le déjeuner, un quatre mains aux fourneaux dont résultent 4 types de pains encore chauds et un magnifique plateau d’accompagnements. En milieu de journée, nos hôtes s'en vont à un anniversaire. Ils nous quittent non sans nous avoir donné les clés de la maison, nous avoir préparé un thermos de café et nous avoir intimé l'ordre de nous servir dans le frigo autant qu’il nous plaira. Nous passons l’après-midi dans les fauteuils du salon, profitant de la connexion internet et d'un réel ordinateur pour faire tout ce que d’ordinaire nous ne pouvons réaliser. Lorsque Knut et Anne rentrent, en début de soirée, nous sommes tels qu'ils nous ont laissés. « Mais au moins avez-vous mangé ? » s'inquiète Anne. Nous regarderons tous les quatre la série policière qu'ils ont l'habitude de suivre. Étant en version originale anglaise sous-titré en norvégien, comme d'ailleurs toutes les séries et films, nous captons quelques brides de l'intrigue. Mais en réalité, ce n’est pas tant l'histoire que la situation qui m’émerveille. Nous ne connaissions ce couple ni d’Ève ni d'Adam, mais nous sommes là, à partager une part de leur quotidien, comme si cela était tout à fait naturel. C'est la magie des rencontres, l'alchimie qui peut se créer entre des êtres qui me fascine. Le lendemain, tous deux s'en vont travailler. Ils ont laissé une belle table de déjeuner, les clés pour fermer la maison avec la cachette pour les déposer et un pain maison pour notre voyage. Nous déjeunons tous les deux, savourant tant les mets que la situation. Par la fenêtre de la cuisine, nous voyons le pont de Saltstraumen, là où huit ans plus tôt nous nous tenions. Pour peu nous nous y voyons, deux jeunes gens en vacances, ne soupçonnant pas un seul instant que bien des années plus tard, non loin, nous vivrions une telle expérience. 

 

Avant de les quitter, Knut a encore pris la peine de contacter un ami possédant une maison de campagne située sur notre itinéraire. Et voici que deux jours plus tard, nous débarquons chez Geir, un amoureux du voyage sac au dos, qui parcourt les contrées de ce monde depuis une quarantaine d'année. De dix-huit heures à passé minuit, assis tous les trois dans l'une de ces belles petites maisons hexagonales traditionnelles, autour d'un feu, nous parlerons de nos voyages, de nos expériences, de nos croyances, de nos espoirs… Discussions que l'on poursuit encore au déjeuner le lendemain, avant de se résoudre à tout de même reprendre la route.

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A la frontière, demain matin, il fera -14°C.

Narvik: A l'heure où j’écris ces lignes, je me trouve dans le tout nouveau centre culturel de Narvik. Office du tourisme, bibliothèque, cafétéria, salle de lecture et le musée consacré à la bataille de Narvik se trouvent ainsi réunis sous le même toit. Je me suis installée du côté de la cafétéria pendant qu'Olivier visite le musée. J’aurai tout loisir de l’écouter me narrer la deuxième guerre mondiale, l’occupation allemande en Norvège et la victoire des Alliés à Narvik lorsque nous pousserons nos vélos en direction de la frontière suédoise. Des récits pour moi plus vivants que des mots écrits en noir et blanc. Et puis, je profite ainsi d'un moment de repos, de répit, avant ce qui nous attend. En nous levant ce matin, à une quinzaine de kilomètres de la ville, il neigeait. Alors que je regarde à l’instant par les murs vitrés de la bibliothèque, il neige. Le thermomètre digital d’un quelconque magasin indiquait 1 degré. Froid me diriez-vous ? C’est bien là tout le problème. Car il fait chaud comparativement à ce qui nous attend ! La côte bénéficie de la chaleur (?) du gulf stream. Et à partir de maintenant, nous changeons de cap, allons à l’est pour rejoindre la Suède et ainsi quitter ce micro-climat. A la frontière, demain matin, il fera -14 degrés. Et à Kiruna, il fait à peu près -9. Mais où aurons-nous donc du chaud ? Voilà la question que je me pose, alors que je comptabilisais sur mon vélo le nombre de mois d’affilée vécus à moins de 10 degrés. Huit. Pour l’instant. 

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