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De Kiruna aux Alpes scandinaves – l'humidité et ses pièges – mars 2023

20-04-2024 14:03

Aline Guignard

Cap Kayak,

De Kiruna aux Alpes scandinaves – l'humidité et ses pièges – mars 2023

La montée est rude, éreintante, les kilomètres s'égrènent au compte goutte. Impossible d'échapper à la transpiration tant nous chauffons, alors que...

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Nous reprenons la route du Nord chargés de 24 jours de nourriture et de gaz. Autant dire que nos pulkas n'ont jamais pesé si lourd. Nous avons trop, nous le savons. Mais nous sommes aux abords d'une étape dont les inconnues sont nombreuses en termes de dénivelé cumulé, de qualité de neige, de météo... Une seule certitude, la distance qui nous sépare du prochain lieu de ravitaillement, celui de Kilpishalli, à quelque 170 km de Kiruna. Si prudents que nous sommes, nous avons estimé à 8 les kilomètres quotidiens dans les hauts plateaux. Alors oui nous partons chargés d'un poids excessif, mais c'est le prix que nous sommes prêts à payer pour que la nourriture ne devienne pas elle-même un problème en cas d'imprévu. Les températures négatives nous contraignent à adopter un régime similaire à celui des premières semaines de marche, car tout ce qui contient du liquide gèlera. Cet hiver à Luleå, nous avions profité du voyage d'une connaissance se rendant à Kiruna pour lui demander d'y acheminer une partie des aliments que nous avions déshydratés. Nos batteries rechargées, nous quittons la maison de Karin, mettons les clés dans sa boîte aux lettres et renouons avec notre itinérance. 

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Si nous avions pensé pouvoir utiliser à nouveau notre panneau solaire pour recharger nos appareils lors de cette deuxième partie de traversée pédestre, nous déchantons, car les températures ne semblent définitivement pas vouloir s'aventurer dans le positif. Nous devons donc composer avec la seule charge de notre batterie qui, une fois réchauffée dans mon sac de couchage le soir, peut délivrer sa charge à nos instruments. Autant dire que la manœuvre est douloureuse lorsque le métal glacé se met en contact du corps. 

 

La succession de lacs que nous traversons les quatre premiers jours nous offre un terrain relativement aisé pour évoluer avec nos chargements. Une réalité que nous savons devoir abandonner lorsque devant nous se dressent les montagnes au travers desquelles nous allons serpenter pour rejoindre la Finlande. Nous quittons le dernier lac, à quelque 340 mètres d'altitude. Nous laissons également derrière nous les dernières végétations et nous retrouvons dans un paradis blanc, un vide puissant.

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Si nous utilisons avec parcimonie notre smartphone-GPS, il y a une application sur laquelle nous ne lésinons pas, et ce d'autant plus aux abords des montagnes, celle des prévisions météorologiques. Nous savons alors que de forts vents et des précipitations abondantes sont prévus pour la nuit et la journée entière du lendemain de notre début d'ascension. Alors la perspective d'une cabane libre d'accès nous encourage à aligner les kilomètres. En fin d'après-midi, au lieu dit, aucun refuge, mais un soleil qui menace sérieusement de nous quitter rapidement et de laisser place au froid de l'obscurité. Nous montons le campement après avoir, non sans un effort dont on se serait bien passé, tassé l'emplacement et ses 90 cm de poudreuse. Après une journée de presque 20 kilomètres, mes muscles sont fatigués et rester stoïque durant cette tâche, alors que mes raquettes s'enfoncent jusqu'à ma taille, relève du défi. Le lendemain, ni réveil ni rangement, nous resterons la journée sous la tente à écouter la neige tomber et à nous demander dans quel état sera la piste future. Nous sommes pour peu heureux d'entendre une motoneige passer au loin, espérant qu'elle emprunte le même itinéraire que nous...

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La montée est rude, éreintante, les kilomètres s'égrènent au compte-goutte. Impossible d'échapper à la transpiration tant nous chauffons, alors que nous ne pouvons nous arrêter plus de quelques minutes en raison du froid. Nous effectuons néanmoins une brève pause ravitaillement après chaque kilomètre, autant pour l'énergie calorique que motivationnelle. Lorsque nous nous trouvons dans cette ambivalence calorifique, nous n'effectuons pas de pause repas, pour ne pas nous refroidir démesurément. Alors nous carburons aux encas facile et rapide à consommer ; chocolat, fruits secs, biscuits, amandes et noix.

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La gestion de l'humidité est une entreprise complexe au cœur de notre vie quotidienne. De jour comme de nuit, c'est elle qui peut mettre en péril notre expédition. Un secouriste suédois rencontré dans les montagnes, ayant dû récemment porter assistance à plusieurs randonneurs en raison de gelures aux pieds, nous le répète : restez secs ! Vite dit, mais complexe à mettre en pratique lorsque le seul intérieur que nous possédons est notre maison de toile non chauffée et que le bois sec est recouvert de neige. Un défi par ailleurs tout à fait inégal entre Olivier et moi, lui qui transpire facilement et en quantité. Les techniques et stratégies pour gérer les problématiques de l'humidité et du froid sont nombreuses sur la toile, mais que savons-nous du niveau de transpiration de la personne qui l'affirme comme vérité ? La situation d'Olivier révèle que seule une démarche empirique permet de définir ce qui fonctionne pour soi, même si l'équilibre calorifique reste parfois difficile, voire impossible, à maîtriser. Car la chaleur de nos corps est à la fois alliée et ennemie. Nécessaire et souhaitée pour chauffer nos sacs de couchage, elle devient problématique lorsqu'elle les humidifie. Et le sac d'Olivier se retrouve invariablement trempe le matin. La plupart du temps, ce dernier constate un refroidissement de son corps récurent aux premières heures du jour, lequel le réveille. Raison pour laquelle il garde toujours de quoi s'alimenter à côté de son oreiller, pour que la nourriture offre les calories nécessaires à son corps pour créer à nouveau de la chaleur. Olivier doit également faire face aux conséquences de sa transpiration abondante lors de la marche. Le soir, ses chaussettes sont bonnes à essorer. Les suspendre dans la tente, comme nous le faisions les saisons précédentes, reviendrait à retrouver des blocs difformes et rigides au matin. Chausser de tels instruments de torture reviendrait à mettre en danger la santé de nos pieds, cloques et gelures n'étant alors jamais loin. Alors en fin de journée, une fois dans nos sacs de couchage, nous installons nos chaussettes sur notre torse. Ainsi, l'humidité peut transiter vers l'extérieur et, pour peu que l'air ne soit pas trop froid et qu'un vent aère notre habitacle, les chaussettes retrouvent un état acceptable. Pour les chaussures et les gants, nous nous sommes résolus à faire avec. Mais au matin, à la perspective de revêtir ces véritables glaçons avec un thermomètre endormi sous les -20°C, c'est une dose de courage considérable qui est nécessaire pour parvenir à sortir de nos sacs de couchage. Les chaussures, nous avons appris à nos dépens à les délacer au maximum lorsque nous les enlevons le soir, au risque de réellement ne pas pouvoir les enfiler le matin en raison de leur rigidité. Quant aux gants de journée, si nous avons essayé de les préserver au début de notre itinérance, la fatigue nous les fait lâchement abandonner dans l'abside le soir, chargés de l'humidité de nos tâches ménagères. Ils se réchaufferont le lendemain, durant la journée, lorsque la chaleur de nos corps sera suffisante pour leur transmettre quelques calories. / AG

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