Trois semaines de pause à Skibotn, qui n'ont paru être qu'un instant saisi au vol. Quatre semaines de navigation à venir, qui paraissent une éternité. Jeu de l'esprit, la démesure de ma subjectivité entre les mains d'un Cronos amusé. A elles seules mes croyances, ma méconnaissance et mes craintes donnent à la distance qui nous sépare du Cap Nord une place disproportionnée dans mes représentations. L'espace et le temps n'en seront pas pour autant perturbés.Â
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Nous allons reprendre la mer. Et ce n'est pas la plaisante Baltique. La mer de Norvège semble avoir plus de familiarité avec celle exigeante des Wadden.
Une carte du monde… la déco de notre chez nous à Skibotn. Ici en compagnie de Arja-Riita et Lennart, des amis de LuleÃ¥ venus nous rendre visite.Â
Jamais nous n'aurions imaginé rester trois semaines dans ce petit village côtier de Skibotn, parmi ses 500 habitants, une durée définie par notre rendez-vous avec l'équipe de Passe-moi les Jumelles. Etre en mesure de passer autant de temps dans un lieu à priori insignifiant, simplement parce que du temps, nous en avons, c'est l'opportunité de pouvoir créer du quelconque une pousse sans laquelle notre arbre de vie serait différent. Car désormais Skibotn est un lieu d'accueil, d'amitié et de générosité. Thomas et Annette nous ont ouvert la porte des locaux de leur pub pour autant de temps que nous le souhaitions. Ils nous ont également mis à disposition une voiture, leurs connaissances, leur réseau. Et comme si tout cela n'était pas encore assez, ils nous tendent un sac rempli de chocolats au moment des aurevoir. En leur présence, le 28 avril, nous mettons les kayaks à l'eau dans le petit port de Skibotn.Â
Le vent est important, mais nous l'avons dans le dos et venant des terres, son terrain de jeu dans ce fjord n'est guère assez vaste pour former les vagues dont on le sait capable. Pour chaque section Les quelque 460 km à venir, il nous faudra analyser la situation, car aucun lieu n'est pareil et l'exception semble faire figure de norme. De toutes parts nous avons cherché à obtenir des informations sur les courants, sur les réalités multiples et variables que nous allons rencontrer. Souvent avons-nous fait chou blanc. Un ouvrage semble toutefois être LA référence des navigateurs en tous genres, « Den norske los ». Nous passons quelques heures à en traduire plusieurs dizaines de pages puisqu’il ne se trouve qu’en norvégien. Trond, un kayakiste expérimenté de Tromsø, nous a fait part de ses connaissances et conseils. Un point est certain, la formule magique ou mathématique unique nous permettant de planifier nos navigations n'existe pas. Alors, la stratégie sage que cet homme chevronné nous livre, en joli pied de nez à notre besoin de connaître, calculer, planifier et anticiper, est la suivante : « Si le courant est trop fort pour moi, je m'arrête, je me fais un café, et je reprends lorsqu'il a diminué. » Nos deux atouts pour ne pas être contraints à prendre des risques et gérer une réalité impossible à planifier, ne serait-ce que pour des raisons météorologiques : le temps et la nourriture. Et en avoir suffisamment.Â
Les premiers jours de navigation nous font miroiter de belles perspectives ; soleil, vent modéré et bien orienté, accès à la terre confortables. Un plan d'eau dont la tranquillité permet aux montagnes enneigées à fleur de rive de se dupliquer en un reflet argenté. Il n'aura fallu que quelques coups de pagaies pour déjà rencontrer des cétacés, probablement des marsouins, dont les ailerons tranchent avec douceur la surface de l'eau en une courbe harmonieuse. Déjà nous retrouvons les vols majestueux des aigles marins et les roucoulements des eiders.Â
Entre terre et mer, Paju se met au défi de saisir cette vie de vagabondage qu'est la nôtre, dont les teintes sont parfois complexes à traduire en images et dont certaines fragrances ne peuvent se révéler dans la courte durée. Après trois jours d'itinérance en compagnie de Tim, de Matthieu et de leurs objectifs, nous reprenons notre rythme en duo. C'est alors que la pluie et des vents forts s'imposent au tableau, nous contraignant à rester à terre. Nous l'avons dit, nous nous le sommes répété : nous avons le temps. Celui de patienter à la venue de jours plus adaptés à la navigation. Pourtant, il nous faut nous le rappeler encore et sans cesse alors que nous étudions les prévisions, car il y a ce je ne sais quoi qui nous pousse subrepticement en avant. Ah, la sagesse n'est pas si simple à mettre en pratique ! / AG
52 cairns sur les rives du fjord de Lyngen, symbole du nombre moyen d'enfants qui décèdent chaque année du cancer en Suisse. Une réalité qui ne connaît pas les frontières et contre laquelle Zoé4life lutte avec force et persévérance depuis plus de 10 ans.Â
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