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Se lécher les babines

20-10-2016 14:56

Aline Guignard

Huskies 2016-2017,

Se lécher les babines

Le « Bertil Camp » a lui aussi sa vérité. Un seul acte, une seule scène, impétueuse. Le service à peine débuté, certains s’expriment comme...

Avec fourchette, couteau et serviette; avec les mains et du doigté; muni de baguettes et de dextérité. A la sauvette ou durant des heures; par plaisir ou pour survivre; routinier ou inventif; en silence ou sans complexe; solitaire ou accompagné. Un pays, une culture, une vérité. Des pays, des cultures, des vérités. Des vérités. Certes. Le voyage pour témoin.

 

Le « Bertil Camp* » a lui aussi sa vérité. Un seul acte, une seule scène, impétueuse. Le service à peine débuté, certains s’expriment comme s’il planait un quelconque risque d’être oublié. Pourtant, leur tour viendra, inéluctablement, notes indispensables à l’accord parfait. Rassurés en cet instant, ils aboieront pourtant la prochaine fois. Une gamelle pour tout contenant. Parfois. Car le sol peut se transformer en assiette aux contours infinis. Ici l’on mange sans ustensile, sans les mains, même si certains n’hésitent pas à mettre la patte dans le plat. Car si de loin la scène suggère une ruée pure et simple vers la satiété, il en est tout autre si l’on sait porter un œil  intéressé au spectacle. Bill a développé une passion particulière pour tout ce qui s’avale, comestible ou non. Une gourmandise qui lui a valu par le passé quelques « soucis » de digestion et qui exige de notre part une vigilance sans faille. Gants, corde, plastique, Bill ne fait pas la fine bouche. Sid aime à choisir la consistance de son menu. S’il décide que cela doit croquer sous la dent alors que le chef cuisinier a noyé son repas dans de l’eau, un coup de patte habile résoudra le problème. La gamelle renversée, l’eau s’évanouit dans les méandres du sol et les croquettes croquent. Le coup de patte de Boule est tout aussi ingénieux mais destiné, lui, à maintenir l’écuelle immobile pour pouvoir mieux la nettoyer. Et puis il y a Cortez, qui mange, qui ne mange pas, qui mange un peu, pourquoi pas. Indécision, pudeur, manque d’appétit ? Ou plaisir de se faire prier de bien vouloir manger sa pitance ?

 

Trois repas par jour, routine quotidienne. Et pourtant, à chaque entrée en scène, le désir de faire un arrêt sur image. Rester là et les regarder. Peut-être ai-je l’air d’une croquette géante, ou simplement est-ce la magie du conditionnement opérant, tous me regardent avidement. Certains trépignent, piétinent, d’autres se lancent dans un sprint effréné ou sont prêts à battre le record du saut en hauteur. La plupart aboient. Mais tous, tous se lèchent les babines. Dix-huit langues qui frétillent, se délient et partent précocement chasser la miette en déroute. Pour cet instant précis, rien que pour lui, pour ce dicton qui enfin prend tout son sens, j’arrêterai le temps.

 

Aline, les chiens ont faim… et le voisinage est repu de ce remue-ménage. Contenter tout le monde, distribuer les rations. Le calme revient. Du coin de l’œil, discrètement, je grappillerai quelques miettes de plaisir à les voir se lécher les babines, une dernière fois, le repas terminé.

 

*nom donné au chenil par son actuel propriétaire en référence au précédent.

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