Voilà une semaine que nous évoluons dans l'ouest du Sichuan. Montagneuse, cette région est connue non pas pour ses pandas, mais pour être l'une des portes qui mène au Tibet. À l'évocation de ce nom, nul besoin de grandes phrases pour décrire notre nouvel environnement. Des Vallées et des cols qui se succèdent qui laissent place à de nouvelles vallées et cols qui se succèdent. Une véritable draperie montagneuse.
La carte topographique que l'on possède fait fi des altitudes. Ce sont donc les tracés des rivières qu'elle contient qui nous informent vaguement du dénivelé à venir. Si nos premiers cols étaient ponctués de pandas fictifs indiquant l'altitude, aujourd'hui seul notre altimètre nous en informe. Depuis une semaine nous passons de 2500 mètres à presque 4000 mètres d'altitude en up and down. Habitués mais pas lassés, les nombres inscrits sur notre appareil de mesure ne nous donnent plus le vertige, mais ne pas les regarder pourrait nous le donner. Évoluer en altitude apporte satisfaction, mais pas seulement. Depuis la hauteur approximative de 2500 mètres, nos corps sont soumis à la raréfaction de l'oxygène qui peut à tout instant provoquer le mal aigu des montagnes; une embolie pulmonaire qui non soignée peut engendrer la mort. Il faut donc respecter les règles, contraintes qui s'ajoute à la météo parfois capricieuse, au froid, à la fatigue, et à l'approvisionnement en nourriture et en eau. La théorie du "comment évoluer en altitude" est parfois difficile à appliquer dans notre réalité. La règle de base, s'il en existe une, est de ne pas dormir à une altitude supérieure de 500 mètres à celle de son dernier campement. Mais comment l'appliquer lorsque la route gravit plus de 800 mètres sans offrir de place de campement? S'hydrater et se nourrir en suffisance aide à s'acclimater. Mais ici, l'hydratation est traîtresse. Le froid ne nous pousse pas à boire suffisamment et les balades frigorifiques nocturnes de délestage ne sont que peu intéressantes. Vous l'aurez compris, les règles sont multiples et toutes comportent leur difficulté d'application. Alors comment faire pour bien faire ? Une philosophie plutôt qu'un règlement est peut-être la solution. C'est en tout cas ma solution. À mes yeux, le "héros" est non pas celui qui y monte, mais celui qui en redescend par ses propres moyens. Alors, le temps devient un allié qu'il faut ici solliciter plutôt deux fois qu'une. De plus, apprendre de ceux qui savent vraiment (les locaux) avec l'humilité qui s'impose est peut-être la meilleure clé d'une ascension gagnante.Â
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Pour conclure, je dirais que si l'altitude était un adversaire, il ne perdrait jamais, mais parfois il nous laisserait l'agréable impression d'avoir gagné.
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