Tibétain, cantonais, ouïgour, mongole, mandarin... Le pays du milieu est un patchwork de peuples et de langues. Si le mandarin est la langue d'état, bien d'autres langues sont reconnues par Pékin et prévalent d'un point de vue culturel dans leurs provinces d'origine. Jusque-là , rien de bien étonnant. Quoique... Pourra-t-on toujours dire cela dans vingt ou cinquante ans? La politique chinoise d'assimilation est en marche et ne semble pas prête à faire une pause. Mais laissons la politique de côté et intéressons-nous à l'histoire des langues chinoises.
Comme toutes les belles histoires du pays, elle débute au temps des dynasties. Han, mandchoue, les murs des capitales chinoises n'ont pas toujours été bercés par la même langue. Après bien des conflits, des têtes qui roulent et des empoisonnements, c'est le mandarin qui dépose ses valises à la capitale. Mais y est-il également écrit? Oui et non! Le mandarin d'antan s'est exilé à Taïwan lors de la fuite du régime de Chang Kai-cheik et le Pékin post Mao a entrepris un grand nettoyage de sa langue écrite pour donner naissance au mandarin simplifié. Au Sud de la Chine actuelle, les symboles mandarins sont d'usage, alors que la langue orale est le cantonais. De mêmes symboles, mais qui se prononcent différemment. Pourquoi? Lorsque les Hans (mandarin) conquirent le Sud, ses habitants ne possédaient qu'une culture orale. Ils ont donc profité du savoir de leur envahisseur pour transcrire leur propre langue. Pour les Mandchous et les Ouïgours, la situation était différente. Lors de leur annexion, ces peuples possédaient déjà une culture écrite et un alphabet (mongol et arabe) et le mandarin vint simplement s'ajouter dans l'administration locale. Pour le Tibet, l'histoire est encore différente. Avant d'être "libéré" par l'armée de Mao et divisé en trois provinces, un monarque tibétain souhaita pouvoir transcrire sa propre langue. Pour ce faire, il envoya des émissaires dans les pays voisins de son royaume, dans le but d'y ramener un alphabet qui conviendrait aux sonorités de sa langue. C'est en Inde que fut dénichée cette perle. Tout comme pour le cantonais, le tibétain utilise les symboles d'une autre langue pour former ses propres mots.Â
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