Aller de l'avant étape par étape. Répondre aux interrogations l'une après l'autre et ne pas se laisser submerger par la globalité de la problématique : serons-nous en mesure de transporter nos kayaks jusqu'à la côte norvégienne ? La première question à laquelle répondre : quelle charge sommes-nous physiquement capables de tracter ? Nous avons défini le 31 décembre comme ultimatum pour y répondre. Dès lors nous nous entraînons avec nos deux pulkas, débutant avec une charge équivalente au matériel indispensable pour la traversée des terres. Une fois la distance de 10 km atteinte (distance moyenne quotidienne prévue), nous augmentons progressivement la charge, jusqu'à atteindre l'équivalent de l'entier de notre matériel (y compris kayaks et matériel de navigation). Le résultat de cet entraînement orientera alors la direction à adopter : étudier comment tracter nos kayaks différemment d'avec les traîneaux ou trouver une solution alternative. Mais autant dire que le cerveau d'Olivier n'a eu cure du calendrier et a d'ores et déjà échafaudé plusieurs solutions, bien avant que les douze coups de minuit de la Saint-Sylvestre n'aient sonné.
Le temps et l'énergie consacrés à la recherche de nouveaux partenaires n'aura donc pas été vains, puisque c'est de nos échanges avec l'entreprise norvégienne Fjellpulken qu'a germé l'idée de voyager avec des pulkas. L'entreprise suédoise Icebug, spécialisée dans les chaussures aux revêtements anti-glisse, et Revario, entreprise suisse relevant le défi d'une production locale de vêtements de sport, ajoutent également leurs couleurs à celles de Cap Kayak, ce mélange de Zoé4life et de Chasseurs d'horizon. Un camaïeu qui continue de produire ses fruits ; en cette fin d'année 2023, plus que l'entier de nos kilomètres effectifs réalisés jusqu'à présent, à savoir 4'628, ont été parrainés. Mais comme aucune somme ne serait suffisante pour pouvoir dire : « nous en avons fait assez », nous mettons la main à la pâte et vendons nos biscuits dans les stugas de Luleå Beach Cabin.
La préparation physique n'est de loin pas la seule au programme de notre hivernage. Il nous a fallu tout d'abord élaborer notre itinéraire pour rejoindre la mer de Norvège. Et si nous pensions initialement rejoindre Narvik, nos recherches et réflexions nous orientent finalement vers Skibotn, non loin de Tromsø. Un itinéraire de 580 kilomètres construit sur le réseau des pistes de motoneige. Une route qui dresse devant nous un challenge de taille : parcourir une portion de 170 kilomètres en pleine nature, sans réapprovisionnement possible, nécessitant ainsi de transporter avec nous 24 jours de nourriture. Il nous a donc fallu nous pencher sur la question de l'alimentation. En plus du poids, les températures négatives que nous rencontrerons durant les premières semaines de marche se doivent d'être prises en considération. Croquer dans une pomme gelée ou couper un morceau de viande dur comme de la pierre peuvent être évités par la déshydratation de ces aliments. Alors nous séchons fruits, légumes, viandes... Notre future réalité nous incite aussi à creuser certaines notions. De quels minéraux allons-nous manquer du fait que nous allons consommer de l'eau de pluie et non de l'eau du robinet ? De combien de bouteilles de gaz allons-nous avoir besoin pour transformer neige et glace en eau et pour cuisiner ? Quelles seront réellement les températures que nous allons rencontrer ? Notre départ à la mi-février suscite bien souvent cette réaction de la part des locaux : «En février, il va faire froid ! » Une date que nous ne pouvons toutefois reculer, de peur que les températures douces ne nous rejoignent avant que nous n’ayons franchi les lacs et rivières gelés du nord de la Suède et de Finlande.
Si la traversée à pied de la Laponie soulève de nombreuses questions, la dernière partie de Cap Kayak, soit la navigation de Skibotn jusqu'au Cap Nord, n'est pas en rade. Recherche d'informations quant aux conditions de navigation, aux particularités météorologiques et climatiques de cette région, prise de contact avec des expérimentés, étude des lieux de réapprovisionnement et de bivouac, etc.
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Une chose est certaine, le Cap Nord par la mer se mérite. Le Cap Nord, l'été prochain, nous paraît encore bien loin... / AG
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