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De Taipei à Xiaokebao

04-03-2018 18:50

Aline Guignard

Terres sauvages,

De Taipei à Xiaokebao

Nous venons de nous installer dans le sous-sol de l'un des nombreux temples de Taïwan...

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Nous venons de nous installer dans le sous-sol de l'un des nombreux temples de Taïwan. Venus demander la permission de camper dans la propriété, les gardiens nous ont invités à mettre notre couche à l'intérieur du temple. La pluie étant annoncée pour cette fin de journée, la proposition est plus que bienvenue. Et lorsque l'un des hommes nous montre la douche, nous nous félicitons d'avoir frappé à cette porte. Car il fait chaud, humide, et la côte escarpée nous oblige à en escalader ses flancs abrupts. Depuis trois jours nous évoluons  dans une végétation tropicale, dense et luxuriante, peuplée de singes, de lézards multicolores et d’oiseaux chanteurs. Le récent tremblement de terre a mis à mal cette côte et des policiers nous rendent attentifs à ne pas stationner au bas des falaises fragilisées.

 

Nous sommes arrivés à l'aéroport de Taipei mardi 27 février. Un trajet sans accroche ; les vélos nous ont suivis et la douanière nous accorde sans hésitation une autorisation de séjour de 90 jours. Par contre, il nous est plus compliqué de sortir de l'aéroport. Nous passons entre les mains d'une demi-douzaine de sécuritas, tous plus empruntés les uns que les autres, qui nous expliquent à tour de rôle qu'il n’est pas autorisé de rouler à vélo dans la zone aéroportuaire. Nous devons sans défaut prendre un transport. Sauf que ni les bus ni le métro ne nous acceptent avec nos montures. Il ne nous reste qu'une seule possibilité : attendre 1heure le prochain car qui nous emmènera au terminal marchandises. Finalement nous arriverons après 21h00 chez les parents de Tsai, membre de warmshowers. Trouver une adresse à Taïwan n'est pas aisé ; il y a le nom du quartier, le nom de la rue, le numéro de l'allée, celui du bâtiment puis celui de l'appartement. Les gens sont accueillants et nous aident volontiers. A peine arrivés à demeure que la maman de Tsai nous concocte un repas de fête en à peine quelques minutes. Juste le temps pour le papa de nous initier à la tradition du thé. Je découvre ainsi que le thé Oolong vient des montagnes taïwanaises… Le lendemain nous sommes attendus chez Tsai et An, en plein cœur de Taipei. Cinq heures de route, de bifurcations, de circulation, d’enseignes lumineuses, d'odeurs d'encens, de friture, de porc braisé, de gaz d'échappement, de pluie et de piétons. Taipei. Nous goûtons au local et nous en avons pour tous les sens. En passants pressés, nous profitons de la ville pour faire quelques achats, pour visiter le trésor culturel chinois sauvé par Chang Kaï-chek ou encore pour écouter les conseils avisés de nos hôtes sur notre itinéraire. Puis enfin nous partons à l'aventure, celle où l'on ne sait pas où l'on dormira le soir, celle où tout peut arriver.

 

Une fois par année, à Pingxi, se déroule le festival des lanternes, évènement marquant du calendrier chinois auquel nous avions tous les deux espéré un jour pouvoir participer. Et notre route passait fortuitement par ce lieu au bon moment. Dans un tout petit village de montagne, aux ruelles étroites et traversé en son cœur par une ancienne ligne de chemin de fer, des milliers de gens se sont réunis pour l'occasion. Une foule saisie par la poésie et l'émotion que le bal des innombrables lanternes, s’élevant en un essaim fébrile chancelant dans l'obscurité, inspire indéniablement.

Une fois par année, à Pingxi, se déroule le festival des lanternes.

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Une question que l'on nous a souvent posée est : « Comment faites-vous pour communiquer dans ces pays où la lange est si différente ? » Aujourd’hui, je dois admettre que la technologie m'a bluffée. Alors que je me dirige vers un policier pour m’enquérir d'un lieu où mettre la tente, celui-ci dégaine son smartphone. Il pianote sur quelques touches et me le brandit vers mon visage. Voyant le picto d'un microphone je comprends son intention et bredouille ma requête. Celle-ci est instantanément traduite en chinois. Ainsi nous conversons par traducteur interposé. Et ça fonctionne ! Le smartphone, un facilitateur de communication… Mais pas encore pour tout le monde. Le papier-crayon et le point-it restent des techniques de choix.

 

Si nous avons renoué avec nos habitudes de camping sauvage, le réchaud, lui, n'a pas encore goûté à l'air de l’île. Il y a tant d'aliments inconnus, de préparations curieuses, de plats intrigants, tant d'échoppes respirant l’authentique que nous profitons de nous restaurer le long des routes. C'est aussi une occasion d'en découvrir un peu plus sur les us et coutumes, sur les gens. A la gare de Fulong, je fais la queue pour atteindre le comptoir où est servi un plat unique dont je ne sais véritablement le contenu. Le prix étant à notre convenance, nous nous laissons surprendre. Les clients défilent à vive allure. Deux personnes mènent la danse. Une femme, debout devant une petite dizaine de grandes casseroles, remplit des barquettes de riz, tofu, lard, œufs, chou, algues… Un homme y ajoute le couvercle et le sangle de deux élastiques. Des gestes rapides, efficaces, exercés, voire brusques. Alors que vient mon tour, les gestes de l'homme s'adoucissent, se font soignés et attentionnés et c’est avec un air presque solennel qu'il me tend mes deux boîtes.

 

Le gardien du temple vient de nous proposer de rentrer ; la nuit tombe et les moustiques vont sous peu se mettre à table. L'homme nous apporte encore un plateau rempli de bananes, mandarines et fruits de la passion, tout juste descendus des Dieux…. Nous sommes bénis.

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