Texte réflexif tiré de notre magazine Le Vagabon N°3
Une fractale est un objet qui présente une structure similaire à toutes les échelles, tel qu’est d’une certaine manière un flocon de neige.
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Je me questionne bien souvent sur le sens de mes voyages, du sens à leur donner, du relatif besoin de leur donner un sens. Ma manière actuelle de voyager est loin de ressembler à celle qui un jour m’accompagnait sur les terres ocres de Madagascar ; il y a 15 ans déjà . Et que dire des voyages futurs aux contours certes flous, mais qui déjà aspirent à un renouveau ?
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La manière de voyager, à l’échelle de ses acteurs, évolue comme toutes choses en ce bas monde. Mais selon quels critères ? De manière aléatoire ou ordonnée ? Y a-t-il un comportement type chez le longum spatium viatorem* ? L’aléatoire parle au rêveur qui sommeille en moi, offrant un arbre des possibles à la couronne plus vaste que le serait l’ordonné. Mais l’ordonné me semble plus vraisemblable. En ce début de XXIème siècle tout est calculable, allant jusqu’à rendre le mot hasard obsolète. Mais alors, quelle est l’équation qui définit l’évolution du voyage ?
*voyageur au long cours
Alors que je n’avais que quelques poils au menton, je prenais mon vélo et partais pour l’Afrique. Là -bas, j’expérimentais l’itinérance comme manière exclusive de voyager. Atteint de ce virus non diagnosticable, année après année, j’empilais les semaines de voyage et le temps de l’itinérance relative vit le jour. Aujourd’hui, dire qu’une sédentarisation partielle m’attire ne serait pas mentir. Pour preuve, notre halte de six mois sur Gotland. A mes débuts, je vivais de voyages où l’effort physique était omniprésent. Un besoin auquel je répondais sans prendre conscience qu’il pouvait en être autrement. Entré dans la quarantaine, je préfère prendre le temps et chercher à comprendre mon environnement, à méditer sur les raisons et conséquences de mes actes dans ce tout que j’appelle le Monde. Au retour de mes premiers voyages, je me complaisais à conter mes expériences et « aventures » à la famille et aux amis. Retrouvailles où le feu de camp s’était mué en un salon sentant bon la bière fraîche et les petits fours. Aujourd’hui je tente d’écrire, de transmettre au-dehors de mon espace privé, au-delà du temps qui m’est imparti. Lors de mes premières expériences au grand air, je subissais les conséquences parfois hasardeuses de mes choix. Comme ce jour où je me suis retrouvé sans eau, déshydraté au point de croire que mon sang s’était transformé en vinaigre, sensation douloureuse et annonciatrice de fièvres et délires nocturnes. Aujourd’hui, je construis mon voyage en m’appuyant sur une certaine expérience. Je jouis de résultats où l’imprévu est composé de rencontres, loin des douleurs qui à ce jour me hantent encore.
Cette équation, vous l’avez peut-être reconnue ? Elle n’est pas nouvelle ! Ni pour moi, ni pour vous. Ni pour quiconque se tient sur ses deux jambes. Elle se schématise par une fractale, plaçant mon évolution de voyageur d’à peine 20 ans dans celle de l’humanité, elle, vieille de plus de 200’000 ans. /OF
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